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EMMA GITZINGER

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Les jours s’allongent mais l’agenda aussi et je n’ai pas malheureusement pas d’autres choix que de proposer une interview en zoom à Emma Gitzinger, lauréate de l’appel à projets Mode et Design 2022. Mais Emma explique tellement bien son projet PLANTULE qu’elle semble créer autour de nous un réseau de ramifications. Attention, après cette interview, vous aurez très envie d’essayer son jeu pour enfants.

Raconte-moi ton projet…

Mon projet s’appelle PLANTULE. Il est né d’une réflexion sur le lien entre l’être humain occidental et le monde du vivant. Je me suis très vite rendu compte que ce lien était brisé, rompu et que, pour cette raison, on avait du mal à créer de manière éco consciente.

J’ai voulu destiner ce projet aux enfants car ce sont les bâtisseurs de demain, ce sont les futurs adultes qui auront cette conscience du vivant, de l’écologie. Je voulais leur donner des clés de compréhension de ce monde qui est très complexe. En questionnant des experts en biologie et en neuro-biologie, on réalise à quel point les jeux proposés aux enfants sont très orthonormés, à l’image des constructions humaines.

PLANTULE est un jeu de construction complètement ouvert qui n’a pas de règles et qui reprend les formes et les principes du vivant. L’idée est que les enfants soient complètement immergés dans ce jeu à leur échelle et qu’ils puissent communiquer et collaborer entre eux selon les principes du vivant. Il est complètement creux pour qu’on fasse passer des éléments dedans donc avec la suggestion du flux au sein du réseau.

Ce n’est pas un dispositif imaginé comme une alternative, mais comme un complément afin de donner aux enfants une vision globale de leur environnement.

(Je me vois déjà dans Avatar.)

Ton jeu est en quelles matières ?

Il est composé de jonctions en silicone et de sections en bois. Les sections existent en plusieurs versions. Soit en bambou complètement creux donc avec la possibilité de créer un flux de graines ou billes à travers la structure. Soit en noisetier donc en bois plein avec un objectif constructif et un aspect formellement très poche des racines où les enfants vont davantage utiliser leur corps.

La silicone est certes très durable mais n’est pas recyclable donc j’essaie de trouver une alternative : un matériau souple, creux, en trois dimensions, tout aussi durable et naturel. Autant dire : « le mouton à 5 pattes ! »

Pour l’instant le jeu répond à un enjeu environnemental important selon moi : la prise de conscience de la place de l’être humain dans le monde du vivant.

Pourquoi as-tu postulé à l’appel à projets de Wise Women ?

J’ai entendu parler de Wise Women par bouche-à-oreille.

C’est une association qui reflète mes valeurs en termes d’engagement pour la cause féminine et de valorisation des projets. J’aimerais aussi par mon petit réseau valoriser d’autres projets.

Tu avais des attentes particulières en postulant ?

J’imaginais le mentorat comme des expert.e.s qui allaient me donner les bons conseils. J’ai postulé après que le jeu ait été testé pendant 4 mois, au moment de passer à la commercialisation. Qu’il soit le plus accessible possible.

Grâce au mentorat, Cyrielle Gauvin, avocate, m’a aidée sur l’aspect juridique et la protection du projet. J’ai été aidée aussi par Nina Ballay, lauréate de 2021, qui m’apporte un regard sur la matière et m’aide dans mes recherches d’alternatives au silicone. Un réseau a commencé à se créer où on m’a mise en contact avec différentes personnes comme Estelle d’Almeida, responsable de la médiation culturelle à la Bourse de Commerce, ou Astrid Faure, co- fondatrice des Éditions en Cavale, jeux de société pour enfants.

Ça m’a donné énormément de motivation, beaucoup plus qu’en étant seule et sans savoir par où commencer !

Les prochaines étapes pour PLANTULE ?

Je suis en train de préparer une campagne de crowdfunding pour financer le projet. Par ailleurs j’aimerais trouver des partenariats avec des écoles, ludothèques, galeries, musées qui loueraient les pièces disponibles et me permettraient de financer la recherche et la fabrication.

Tu peux nous parler de ton parcours ?

Je me suis orientée vers des études artistiques après le lycée. Un an d’histoire de l’art et d’archéologie. Puis j’ai passé trois ans aux Beaux-Arts de Nancy en design global où j’ai obtenu un DNAP (Diplôme National d’Arts Plastiques). Ensuite j’ai passé le concours de l’ENSCI les Ateliers (École Nationale Supérieure de Création Industrielle) où je suis restée quatre ans, dont un an au côté de matali crasset pour développer mon projet PLANTULE.

Aujourd’hui, je suis en train de monter mon studio en collaboration avec une autre designer (Chloé Guillemart) pour créer d’autres dispositifs ludiques et sensoriels, didactique et d’éveil qui donnent aux enfants une vision globale de la présence du vivant dans leur environnement. En parallèle, j’enseigne en Culture du Design niveau licence à l’école Condé de Nancy.

Les trois femmes que tu aimerais rencontrer :

Rosan Bosch (designer, son studio conçoit des espaces pour les enfants basés sur une conception ludique de l'apprentissage)

Sophie Calle (artiste)

Patricia Urquiola (designer)

Cas Holman (designer, elle étudie le rôle du jeu dans la conception et a notamment imaginé de nombreux jeux "déstructurés" pour enfants)

Et pour finir, des coups de cœur artistiques récents que tu aimerais partager avec les Wise Women ?

Les strandbeests de Theo Jansen

Les jardins du tiers Paysage de Gilles Clément

Les Topiques d'Isabelle Daëron

Les tapis et tapisserie d'Alexandra Kehayoglou

La part sauvage du monde un ouvrage de Virginie Maris

Pour découvrir en détail le projet d’Emma :

emmagitzinger.com
instagram.com/emmagitzinger

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